Votre bébé est né ou va naître beaucoup plus tôt que prévu… Vous n’étiez pas préparés à accueillir votre bébé si rapidement, si petit, et à voir la grossesse s’arrêter si vite. La prématurité est une épreuve, il n’est pas simple de trouver sa place auprès de son bébé les premiers temps, de prendre son rôle de parent, d’aimer cet enfant si petit, d’accepter cette situation… Comment trouver les ressources pour passer cette épreuve ? Retrouvez nos conseils et des témoignages de mamans ayant vécu cette situation.
La prématurité, c’est quoi ?
Un bébé prématuré est un bébé qui naît avant 37 semaines d’aménorrhée. Il sera considéré comme prématuré entre la 32 et 36 (SA), comme grand prématuré entre la 28 et la 32 SA, et comme très grand prématuré en dessous de 28 SA. Le bébé prématuré n’est pas prêt à arriver dans ce monde : ses organes sont encore immatures, et il aura donc besoin d’assistance pour maintenir ses différentes fonctions vitales. En fonction de son terme, il pourra avoir besoin d’aide sur le plan respiratoire, digestif, mais également pour aider ses reins, son cœur, sa régulation thermique à fonctionner correctement.
Que va-t-il se passer pour mon bébé prématuré ?
Votre bébé sera accueilli en néonatologie ou réanimation néonatale suivant ses besoins et le terme de la grossesse. Il sera placé en couveuse (incubateur), afin de bénéficier d’un milieu chaud et humide, correspondant le plus possible à ses besoins. Votre bébé sera pris en charge par une équipe soignante, constituée de médecins et d’infirmières/puéricultrices, afin de lui donner tous les soins nécessaires, et de vous accompagner pendant cette période.
Le bébé prématuré est fragile, il a besoin de soins mais aussi et surtout de l’amour de ses parents.
Comment créer un lien avec mon bébé prématuré ?
L’accouchement arrive bien avant le terme, et vous n’êtes pas préparés à rencontrer votre bébé si vite : il peut vous falloir du temps pour faire connaissance avec votre enfant et vous sentir parent, c’est normal. Le choc de l’accouchement prématuré peut vous faire passer par de nombreuses émotions, parfois contradictoires, elles sont normales. Souvenez-vous que le temps est votre allié. Vous apprendrez à connaître ce petit bébé chaque jour, et vous vous habituerez au milieu médicalisé, à la couveuse qui le tient au chaud, aux différents capteurs et matériels de soins. Vous pouvez, dès le début, créer le lien en étant près de votre bébé, en le regardant. N’hésitez pas à demander à l’équipe médicale de vous guider dans vos gestes, pour vous rassurer.
Dès que vous vous en sentez capable, vous pouvez :
- Lui parler
- Le toucher
- Lui chanter des chansons, lui lire un livre
- Lui raconter vos journées, vos émotions, l’encourager
- Dès que cela est possible, faire du peau à peau : moment magique pour vous, rassurant et apaisant pour votre bébé Extrêmement bénéfique, le peau à peau a des bienfaits sur la santé de votre bébé et sur votre moral !
- Le regarder, et capter son regard
- Amener des photos de famille
- Amener un petit doudou à laisser près de lui (ou près de la couveuse)
Ce n’est pas la quantité d’échanges et de temps qui compte mais la qualité : chaque instant où vous êtes en relation avec votre bébé est important !
Quelle est ma place de parent dans ce service médicalisé ?
Les premiers jours sont souvent perturbants. En effet, il faut s’habituer à l’environnement et aux machines qui bipent. Vous en ferez rapidement abstraction pour vous concentrer sur votre bébé. Votre rôle est d’abord de créer du lien, de donner de la sécurité affective à votre bébé, de le rassurer par votre présence. Vous êtes ses parents, vous êtes indispensables à sa vie et sa santé.
Petit à petit, l’équipe vous propose de faire des soins du quotidien à votre bébé :
- Prendre la température
- Changer la couche
- Le tenir dans vos mains pour refaire son lit
- Lui faire sa toilette
- Le nourrir
Comment tenir tout le long de cette période ?
Comme évoqué, la prématurité est une épreuve, avec beaucoup de stress et de doutes. Vous aurez besoin de soutien, qu’il soit de votre famille, des amis, et des professionnels de santé. L’équipe sait que cette épreuve est douloureuse et difficile, il faut oser en parler, se libérer de ses émotions, et demander de l’aide si vous en ressentez le besoin.
Vous pourrez trouver différentes sources de soutien :
- La psychologue du service, ou une psychologue extérieure >> l’association SOS préma peut vous être d’un grand soutien
- Les infirmières et puéricultrices qui s’occupent de votre enfant
- Ecrire un journal de bord avec vos ressentis
- Partager avec d’autres parents vivant la même situation
- Dessiner, tricoter, chanter…
- Prendre soin de vous, souvent mis de côté, mais primordial pour tenir
- Oser rire et vous faire des petits plaisirs, votre enfant a besoin de parents en forme
- Vous retrouver en amoureux, à l’extérieur, avec le papa
Prendre quelques heures pour soi est bénéfique pour votre bébé, vous lui reviendrez plus en forme !
Comment gérer le retour à la maison avec un bébé prématuré ?
Une fois passée cette période, votre enfant rentrera à la maison. Une grande étape, qui vous rendra fous de joie mais souvent aussi qui créera beaucoup d’inquiétude de se retrouver seuls à la maison avec bébé, sans surveillance médicale 24/24. Là encore, n’hésitez pas à faire part de vos craintes à l’équipe médicale, à prendre le temps nécessaire pour que vous soyez prêts et en confiance avec votre bébé, à vous faire accompagner par des professionnels à la sortie et à vous faire entourer par la famille…
Osez chercher du soutien !
Témoignages de mamans de prématurés
Léa, maman de 4 enfants
Je suis tombée enceinte d’un petit garçon en juillet 2015 et jusqu’à la fin du premier trimestre tout s’est très bien passé. C’est au début de la 13ème semaine que l’on m’a annoncé que la poche des eaux était fissurée suite à une bactérie contractée dans le col de l’utérus. J’ai donc été hospitalisée durant plusieurs semaines et l’infection a été soignée. La poche s’était remplie de nouveau et bébé a pu continuer à grandir sous surveillance écho et prise de sang prélèvement tous les jours. J’ai donc vécu hospitalisée, de mon 3ème mois à mon 6ème mois de grossesse, dans le service à haut risque à l’hôpital Robert Debré. Dans la salle d’accouchement il y avait plus de 10 personnes : médecin, gynécologue, infirmière, réanimateur, pédiatre… Le 23 janvier 2016, Chemaya est né, il faisait 1,2 kilo et a été transporté directement dans le service de réanimation pendant 4 jours. Cela a été très dur de voir autant de fils et d’appareils sur un si petit être. Je n’ai pas pu le prendre dans mes bras dès sa naissance et cette douleur me restera à vie. Ce n’est qu’au bout de 4 jours que j’ai enfin pu le mettre sur mon épaule et le même jour il a quitté la réanimation pour le service néonatal où il est resté jusqu’au 5 avril (date initiale du terme de la grossesse).
Sabrina, jeune maman
J’ai accouché à 36 SA d’une petite fille qui faisait 47 cm pour 2,2 kilos. Nous sommes restées 10 jours en clinique car elle ne prenait pas de poids et est descendue jusqu’à 1,960 kilo… J’ai alors pris la décision, avec les sages-femmes, de tirer mon lait et de compléter avec du lait artificiel. Nous sommes sorties de la maternité après 10 jours même si elle n’avait pas encore atteint son poids de départ. C’était très dur de la nourrir car il fallait la stimuler à chaque fois et vigoureusement sinon elle s’endormait. Cette période a été compliquée pour nous, avec le papa, car nous étions aussi très fatigués : il fallait la réveiller jour et nuit, environ toutes les 3 heures, pour lui donner à manger et également un gel sucré dont je ne me rappelle pas le nom. Après le retour à la maison nous avons directement pris RDV chez le pédiatre afin de la suivre. Il nous avait dit qu’elle aurait un retard d’environ 5 semaines pour la motricité. Sincèrement je n’ai pas remarqué de retard ou alors peut être très légèrement… Aujourd’hui elle a 12 mois et est en pleine forme même si ça reste un petit bout avec ses 68 cm et 7,8 kilos.
Laura, maman de triplés
En mai 2019, la première échographie révélait que 3 bébés avaient pris place au creux de mon ventre. Immédiatement, la gynécologue nous a avertis : il s’agirait d’une grossesse à risque et qui n’irait pas à son terme « classique », soit 40 semaines. Nous nous sommes donc lancés dans l’aventure en sachant qu’ils seraient prématurés. Seule inconnue : à quel stade de prématurité allaient-ils naître ? L’idéal pour des triplés étant d’atteindre 35 semaines selon les spécialistes, c’est l’objectif que je m’étais fixé. Et je suis heureuse, car j’ai réussi à le tenir : 35+5 ! Grâce à un bon suivi, ma grossesse s’est parfaitement bien passée. J’ai eu une écho de contrôle tous les mois, ce qui a permis de voir que les bébés se développaient bien.
A 2 jours de l’accouchement programmé, on m’a détecté un début de pré-éclampsie. L’équipe médicale a donc décidé de faire la césarienne dans la journée. Problème, le manque de place en néonatologie nous a contraint à être transférés d’urgence dans un autre hôpital à 35 km. Grâce à l’équipe sur place, tout s’est bien passé. Nos 3 bébés sont donc nés en décembre, à 8 mois de grossesse, et pesaient 2,5 kg, 1,9 kg et 1,7 kg. Cela correspond à une prématurité dite moyenne, ce qui m’a valu la reconnaissance du personnel hospitalier pour être allée aussi loin avec de tels poids.
Pour autant, nos bébés ont tout de suite été pris en charge : couveuses ou berceaux chauffants, avec une aide respiratoire pour notre petit garçon. Nous sommes rentrés à la maison un mois après, notamment à cause d’un épisode de bronchiolite qui a duré 2 semaines. J’ai même pu allaiter les triplés pendant 6 semaines, ça me tenais beaucoup à cœur justement car ils étaient prématurés. Six mois après, les bébés ont rattrapé la courbe moyenne de croissance et sont plein de vie !
ET VOUS ? Comment avez-vous vécu la naissance prématurée de votre enfant ?
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AUTEUR : PAULINE LOTTE
Diplômée infirmière puéricultrice depuis 12 ans, Pauline, maman d’une petite fille de 9 mois, a exercé 10 ans en hôpital pédiatrique, en réanimation néonatale et pédiatrie spécialisée, puis 1 an en tant que directrice de crèche, avant de faire le choix de s’installer comme puéricultrice consultante. Cette décision fait suite à une longue réflexion sur son souhait d’accompagner les parents dans leur rôle au quotidien. La réanimation néonatale a été son « premier amour » et le restera toujours, fascinée par les prématurés, leurs compétences, leur force, la « naissance » des parents et la création du lien. C’est pour pouvoir accompagner ces bébés et leurs parents qu’elle a choisi ce métier. Pour donner suite à cette passion de soutenir les familles, et grâce aux nombreuses connaissances et compétences sur l’enfant et son développement, Pauline a fait le choix d’exercer à domicile, pour être au plus près du quotidien des familles. Elle propose aux parents un accompagnement dès le retour de maternité, (ou même avant) sur tous les sujets dont ils ont besoin (allaitement, sommeil, diversification, éveil…), afin de les rassurer, de les guider et de les aider à prendre confiance en eux et en leur enfant. En plus de sa formation initiale, elle s’est formée plus spécifiquement à différents sujets comme le langage des pleurs, la diversification alimentaire et la DME, les signes associés à la parole, les émotions de l’enfant… et d’autres, pour lesquels elle propose des ateliers parents-enfants.