Et si nous laissions bébé évoluer librement sans aucune intervention extérieure ? Vous seriez surpris de constater qu’il n’en sera que plus confiant dans ses choix. La motricité libre fait ses preuves dans le chemin de la parentalité et cette méthode, apparue dans les années 1930, est de plus en plus prisée par les jeunes parents. Alors si offrir un foyer de confiance à votre enfant vous remplit de joie, voici quelques lignes qui vous en ouvriront les portes. Retrouvez des outils concrets et des pistes pour accompagner au mieux votre enfant dans cette aventure.
Qui se cache derrière la motricité libre ?
Emmi Pikler et Maria Montessori, deux femmes qui toutes deux promeuvent l’autonomie du bébé, du bambin et de l’enfant.
1930, Hongrie. Emmi Pikler, pédiatre avant-gardiste, considère le bébé comme une personne à part entière. Grâce à ses observations, elle conseille aux parents qui viennent la consulter d’offrir une liberté motrice plus grande à leur enfant. Après-guerre, à la demande du gouvernement, elle fonde une pouponnière pour les orphelins, Rue Lóczy à Budapest.
1935, Inde. Maria Montessori écrit L’esprit absorbant de l’enfant après avoir fui le régime fasciste italien. Elle adapte sa méthode d’auto-éducation aux tout-petits. La liberté motrice fait partie des essentiels de l’environnement Montessori.
N’importe quelle aide superflue est un obstacle pour le développement !
C’est en observant les enfants des quartiers financièrement avantagés comparativement aux enfants des quartiers plus modestes qu’Emmi Pikler prit note de la cadence élevée et de la gravité de leurs blessures. Ils grandissaient suréquipés : des magnifiques landaus aux tenues les plus distinguées, leur environnement entravait leur développement moteur. Une liste d’interdictions, de limites et d’impératifs restreignait leur accès à la découverte et à l’expérience.

L’expérience. Faire soi-même.
Voilà les mots phares de l’environnement Montessori. Si Maria a inventé et créé une multitude de matériels à destination des enfants, c’est pour répondre à leur besoin d’environnement riche. L’environnement favorise ou non le développement de l’enfant. Dans les écoles Montessori, les enfants sont libres de se déplacer et de choisir ce qui attise leur intérêt.
La liberté, une condition capitale pour bien grandir !
Dès la naissance, un nouveau-né expérimente. Il bouge, sent, goûte, touche, gazouille, écoute… La liste est longue et ne fait que s’agrandir de jour en jour. Nous, parents, sommes spectateurs de ces merveilles. Souvent, sans même en avoir conscience, nous bridons ces expériences.
À la dernière escapade shopping en amoureux, il est fort possible que nous soyons tombés dans le piège. Toutes les recommandations de la vendeuse du magasin de puériculture nous ont convaincus.es ! Il nous faut la poussette dernier cri ultra confort et évolutive ! Il nous faut ce transat-balancelle-mobile qui produit à lui seul le dernier spectacle son et lumière Hollywoodien ! Et pourquoi pas toute cette batterie de jouets qui parlent, chantent, tournent, clignotent et rassurent bébé à notre place ?
Le mouvement de l’enfant, celui dont il prend l’initiative et qu’il exécute lui-même, joue un rôle prépondérant dans la connaissance qu’il acquiert de son corps, la conscience de soi, la perception de sa propre efficacité, l’apprentissage et plus généralement la reconnaissance spatio-temporelle du monde environnant.

La liberté motrice est le premier pas vers un éveil de qualité. La confiance en ses compétences et la confiance relationnelle prennent racine dans la joie de faire soi-même selon ses propres choix, son propre rythme.
Comment mettre en place un environnement adapté ?
Voici quelques conseils pour que bébé s’épanouisse au mieux dans un environnement adapté à ses besoins. De quel matériel avez-vous besoin à la maison ?
- Presque rien. À la rigueur un tapis de yoga pour éviter que la tête ne se cogne si vous avez de la tomette au sol. Aussi, le plancher doit être ferme pour que bébé fasse l’expérience de l’équilibre. Avez-vous déjà essayé de vous retourner sur un matelas très mou en vous dandinant ? Alors pourquoi poser nos enfants sur une surface ultra moelleuse ? Les matelas des lits spécialisés sont en général plutôt fermes pour garantir sécurité et facilité d’exploration. Lever le pied est déjà un effort en soi alors, n’ajoutons pas plus de difficulté.
- Peu de jouets. Inutile de vous ruiner pour acquérir tous les derniers joujoux à la mode. Pour les trois premiers mois : un joli tableau, aux forts contrastes, installé où le regard de bébé peut se poser (ex : les images noires et blanches de la marque Wee Gallery ou le mobile de Munari). Toutes sortes de musiques jouées faiblement quelques instants. Un parfum naturel sur un doudou près de lui. Et surtout des échanges : câlins, caresses et histoires. Le contact est vital !
C’est seulement quand il cherche du regard ce qui l’entoure que nous pouvons lui proposer quelques jouets : une petite cuillère en bois, une poupée de chiffon… des pièces allongées et légères qu’il pourra attraper et porter à la bouche. Au fur et à mesure que bébé grandit, suivant ce que vous observez de ses gestes, vous pourrez proposer des paniers à thèmes.
Ex : les brosses à toucher/manipuler (brosse à ongle, à cheveux, à récurer), des anneaux de bois à renverser, faire rouler, éparpiller, le bocal de pâtes sèches pour glisser les doigts dedans (un sachet de penne dans un saladier).
L’importance de le laisser explorer par lui-même
Le but ici est de restreindre nos interventions et nous savons combien c’est difficile ! Nous avons tellement envie de bien faire que nous anticipons mais anticiper c’est entraver son développement et ses capacités à trouver ses propres solutions.
- Lui permettre d’explorer l’espace de vie. L’idéal serait que notre bambin puisse vadrouiller, se hisser, grimper dans la pièce à vivre. Parfois, nous mettrons un tapis de gym pour nous rassurer sur les chutes. C’est vrai que le salon peut prendre un air de salle de jeux ou de body camp. Il est impératif de le laisser tester ses capacités. C’est en essayant que l’on construit une sensation fort utile : la différence entre risqué et dangereux. Tentant de descendre seul du lit, les petites mains accrochées aux draps, une jambe gesticulant dans le vide, il prend la mesure. « Je peux lâcher ou pas ? ». En me positionnant à côté, je peux assurer la sécurité. Je peux lui dire que j’ai peur et confiance en ses choix et compétences. Malgré son petit âge, le bon choix sera de la partie.
Le conseil de la Tribu : si la crapahute, ce n’est pas votre truc, si vous avez la boule au ventre dès que petit cœur se hisse sur ses jambes, si votre intérieur est inadapté : il existe des ateliers de motricité libre autour de chez vous. Le concept de la bougeothèque® de la ville de Lambersart -première création- se multiplie en France. Vous y trouverez des structures parfaitement installées pour vos petits bouts.

Le développement positif de l’enfant
Se construire comme un roc !
On a longtemps dit que nos enfants avaient besoin d’accessoires (transat, jouet, chaise haute) pour se sentir choyés, on s’est trompé sur toute la ligne. Ils ont besoin de proximité, de regard soutenant et de liberté.
On a longtemps dit que nos enfants avaient besoin de vivre la difficulté pour devenir des adultes forts, on s’est trompé sur toute la ligne. Les recherches actuelles montrent que plus un enfant a un réservoir affectif rempli, plus il devient une personne confiante. En répondant présent à sa demande, il saura se détacher.
On a longtemps dit que nos enfants ne ressentaient rien, qu’il fallait décider pour eux. Aujourd’hui, on sait que c’est faux. Dès la naissance, en étant soutenus par leurs figures d’attachement, les enfants savent sentir. Sentir par exemple la différence entre dangerosité et risque.