L’endométriose est une maladie chronique qui touche 5 à 20% des femmes en âge de procréer. Méconnue, elle est pourtant la première cause d’infertilité chez les femmes. Souvent diagnostiquée tardivement, elle cause des mois et des années de souffrance chez les personnes atteintes. Qu’est-ce que l’endométriose ? Comment le diagnostic est-il posé ? Pourquoi est-il si long ? Quels sont les symptômes ? Est-ce compatible avec une grossesse ? On vous dit tout dans cet article !
Qu’est-ce que l’endométriose ?
Cette maladie chronique est liée à la présence de tissus semblables à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. L’endomètre, la muqueuse qui tapisse l’utérus, est normalement éliminé tous les mois par desquamation. En revanche, lorsqu’une femme est atteinte d’endométriose, l’endomètre migre en dehors de la cavité utérine, à l’intérieur des organes de l’abdomen, au moment des règles. Les cellules de l’endomètre ne sont donc pas évacuées vers le bas comme elles devraient l’être mais remontent dans les trompes. C’est à ce moment là qu’elles vont se multiplier et pénétrer profondément dans les tissus mais aussi les organes, bien au-delà de l’appareil reproducteur. Ce qui en résultent : des lésions, nodules ou kystes qui apparaissent sur les ovaires ou la vessie mais également possiblement atteindre les intestins et même les poumons.
Il existe 3 lésions dans l’endométriose qu’il faut différencier :
- Superficielles : les cellules migrent à la superficie du péritoine (tissu qui entoure l’abdomen, le pelvis et les viscères).
- Profondes : des nodules se forment dans les organes qui avoisinent l’utérus (vessie, colon…).
- Ovariennes : avec formation de kystes ovariens endométriosiques.
L’adénomyose est une autre pathologie, à différencier de l’endométriose
Quels sont les symptômes ressentis ?
Des douleurs intenses qui handicapent la vie de ces femmes tant au niveau professionnel (douleurs insurmontables avec par exemple l’obligation de poser un jour de congé) que personnel (douleurs lors des rapports). Plusieurs symptômes évocateurs :
- Dysménorrhée : règles douloureuses, depuis l’enfance et qui entraîne un absentéisme scolaire avec des malaises.
- Dyspareunie : douleurs profondes pendant les rapports, avec sensibilité des ligaments en arrière de l’utérus et du tube digestif.
- Douleurs pelviennes chroniques au niveau du bassin.
- Symptômes digestif : avec diarrhées ou constipations durant les règles et douleurs à la défécation (appelées dyschésie).
- Symptômes urinaires : sang dans les urines (hématuries), infections urinaire chroniques, coliques néphrétiques…
- On observe parfois des scapulalgies (douleur à l’épaule pendant les règles) ce qui est évocateur d’une atteinte du diaphragme.
- On peut également noter des nodules situés au niveau des cicatrices qui apparaissent durant les règles ou juste avant.
Un diagnostic très long
Le diagnostic est généralement posé 7 à 10 ans après les premiers symptômes. Cette errance existe car à ce jour nous n’observons pas de corrélation entre les lésions anatomiques et la douleur, c’est ce qui rend le diagnostic difficile à poser. De plus, chaque endométriose est différente et chaque lésion apparaît de manière singulière chez chaque patiente.
Quel traitement ?
Le traitement de l’endométriose est multidisciplinaire et vise en premier lieu à soulager les douleurs et à bloquer la migration des cellules endométriales à l’extérieur de l’utérus. Le traitement médicamenteux de choix se porte sur le blocage des règles par la pilule en continue. À ce traitement, il est très intéressant d’y ajouter un traitement paramédical.
La kinésithérapie pourra intervenir sur différents plans :
- Le travail de l’abdomen : en retrouvant une respiration abdominale, les tissus de l’abdomen retrouveront de la mobilité ce qui aidera à diminuer les douleurs.
- La prise de conscience du périnée et le travail de relâchement : l’endométriose peut générer des hypertonies périnéales (douleurs lors d’une pénétration sexuelle) et des dyspareunies (douleurs pendant les rapports sexuels). Le kinésithérapeute pourra agir sur ces tensions en apprenant à la femme à relâcher son périnée et en travaillant les points gâchettes du périnée.
- Les mouvements actifs et l’activité physique ayant également un effet positif sur les douleurs et le bien-être psychique, le kinésithérapeute est en mesure d’accompagner progressivement la femme dans la reprise d’un sport ou du moins de l’aider à retrouver de la mobilité.
- Enfin, le kinésithérapeute a toute sa place dans l’éducation thérapeutique de la patiente (ETP).
Quel est l’impact de l’endométriose sur la fertilité ?
La question est vaste et dépend de nombreux paramètres. Le traitement médicamenteux de l’endométriose étant hormonal par une pilule en continue, il est incompatible avec un désir de grossesse. L’endométriose n’est pas synonyme d’infertilité mais elle peut entraîner une infertilité. Lorsque le diagnostic d’endométriose est posé, il est nécessaire , si vous avez un désir d’enfant, d’étudier la réserve ovarienne (en faisant un bilan hormonal par prise de sang), de faire un examen des trompes et du sperme du conjoint.
Basé sur les recommandations de la Haute Autorité de la Santé (HAS) de dec 2018, il est nécessaire :
- de vérifier la présence de kystes ovariens endométriosiques qui peuvent altérer la fonction des follicules ovariens et avoir un impact sur la réserve ovarienne.
- de faire une échographie pelvienne (avec un radiologue spécialisé des pathologies pelviennes) afin de cartographier les lésions d’endométrioses.
La grossesse entraînant un arrêt des règles, il y a un arrêt du développement des lésions durant cette période. C’est ce que l’on appelle la période « lune de miel ».
Témoignage d’Annie, atteinte d’endométriose :
Ne nous cachons pas que l’endomédriose est une maladie inflammatoire compliquée à gérer et à comprendre, une question vous tourmente « pourquoi moi » ! Elle cause beaucoup de problèmes et de souffrances, règles douloureuses et abondantes, un mal-être, des rapports sexuels très douloureux et la peur de ne pouvoir enfanter.
N’oublions pas que l’endométriose est une souffrance physique mais également psychologique pour les femmes et leurs conjoints, mais ne désespérez pas ! La bataille contre cette maladie sera longue, mais l’espoir est immense car après des années de combats avec l’aide de mon conjoint et des médecins, j’ai eu le privilège et l’immense chance d’avoir un beau bébé, un petit garçon, quel bonheur ! Ne jamais désespérer dans cette maladie, surtout ne pas faire de blocage psychologique émotionnel, le fait que ce mois-ci vous n’êtes pas enceinte ne veut pas dire que vous ne le serez pas le mois suivant et ainsi de suite. Battez-vous ! Vous verrez que les résultats seront concluants…
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