Saviez-vous que la fausse couche concerne environ 1 femme sur 4 en France ? Et que l’on estime à 20 000 environ le nombre de fausses couches chaque année, soit 10 à 15 % des grossesses. La fausse couche représente pour les parents la perte d’un enfant et non pas celle d’un fœtus. Une telle perte peut engendrer un traumatisme, c’est pourquoi il semble important d’avoir un soutien psychologique face à cet événement tragique.
Qu’est-ce qu’une fausse couche ?
La définition médicale d’une fausse couche correspond à être qualifiée d’avortement spontané pour les médecins. C’est donc l’interruption naturelle de la grossesse avant 20 semaines de grossesse. Elle peut se décrire ainsi : « un arrêt de la gestation et un processus d’élimination par le corps d’un œuf non-viable ».
Fausse couche, un traumatisme lourd pour les parents
Ce vécu physiologique et psychologique si particulier, si intime, si douloureux est celui de la PERTE, celle d’un enfant et pas celui d’un fœtus dans la tête des parents. Ce qui peut avoir un fort retentissement psychique et comportemental sur la femme sans oublier le vécu du partenaire de vie face à cet événement de perte. C’est pourquoi, il est important de marquer l’importance du soutien psychologique de TOUS face à cet événement la plupart du temps traumatique selon la situation vécue.
La perte d’un enfant
Pour la femme et/ou l’homme, c’est un enfant qui est perdu et non simplement un fœtus d’où l’apparition de certains impacts psychologiques comme la dépression, l’anxiété et le stress post traumatique. Les futurs parents projettent sur cet enfant à venir, en psychologie, on parle de « l’enfant fantasmé », celui que l’on imagine par le biais d’un physique, du choix d’un prénom, d’une préférence pour une fille ou un garçon, d’une personnalité, d’une décoration de chambre et aussi du parent que l’on désire être. Ne cachez pas et ne minimisez pas votre douleur face à cette perte. Vous pouvez légitimer votre chagrin car il est normal d’être triste face à un vécu de fausse couche. Ce vécu douloureux et intense est souvent en lien avec plusieurs sentiments entremêlés de nature négative essentiellement : la sidération, la déception, le dégoût, la colère, la honte, l’échec, la peur, la culpabilité avec en fil rouge « l’incapacité de faire un enfant » qui sous-tend « comme tout le monde » et aussi « facilement ».
Préconisations pour vous et vos proches lors d’une fausse couche
Prenez le temps de faire le deuil de cet « enfant fantasmé, imaginé, investi et/ou désiré »
Oui, vous vivez un deuil car votre enfant est décédé dans votre esprit et dans votre corps. Vous allez vivre des étapes délicates, mais toutefois essentielles, qui vous aideront à vous sentir mieux au fur et à mesure du temps. Ce qui peut aussi simplement se concrétiser par un temps de reconstruction psychique plus ou moins long par le biais d’une thérapie avec un professionnel du soin psychique. Ce choix de consultation vous aidera à exprimer vos émotions, gérer vos angoisses, vous revaloriser et alléger votre culpabilité pas par pas.
Le but ne sera pas « d’effacer cette fausse couche », plutôt, de faire résilience de cette expérience de vie parfois ressentie comme isolante, taboue (car en lien avec la mort, le sang et la sexualité), niée par autrui (car souvent mal à l’aise et/ou situation perçue comme banale) et facilement réparable (car dans le discours généraliste, vous pourrez physiquement avoir un autre enfant plus tard sauf exceptions particulières).
Prenez soin de votre corps par le biais d’activités relaxantes voir sportives
Si elles peuvent vous apporter une détente corporelle et une réappropriation de votre corps d’une façon bienveillante donc bénéfique sur le plan physiologique. Vous pouvez faire un bilan de santé complet et demander un suivi mensuel à votre médecin traitant, cela vous permettra aussi de travailler sur vos angoisses corporelles.
Rationalisez les explications médicales fournit vous aidera
Néanmoins, reconnaissez aussi votre état émotionnel compliqué et intense sans en avoir honte. Cette validation émotionnelle de votre vécu vous aidera dans la projection d’un nouvel avenir en lien avec votre parentalité. Brisez ce silence insidieux, mettre des mots sur sa souffrance est un passage obligatoire et bénéfique vers la reconstruction globale de vous et de votre couple conjugal voir votre famille.
Osez en parler à votre entourage
Surtout avec des proches à votre écoute, ceux capables de sortir des discours généralistes sur le vécu d’une fausse couche. Vous pouvez aussi participer à des groupes de parole/des forums/des groupes sur les réseaux sociaux et d’associations (souvent avec service d’écoute spécialisé) avec des personnes ayant vécu comme vous une situation de fausse couche et/ou des professionnels formés.
- SOS bébé
- Bliss.Stories
- L’Enfant Sans Nom
- AGAPA
- Youtubeuse Ilia Renon
- Ouvrage Le roi du Silence de Charlotte Guillet
Avis aux proches : soyez des soutiens et non des juges
Avec cette volonté d’être « des effaceurs de mémoire », le seul conseil valable est de respecter les émotions ressenties et de reconnaître l’existence de cet enfant malgré la fausse couche. Évitez donc les phrases types et de banaliser cette douleur qui peut être intense selon la situation.
- « tu es jeune, tu vas en refaire un »
- « plein de femmes ont vécu ça, arrêtez d’y penser »
- « c’est mieux comme ça, tu n’as pas eu de chance »
- « tu sais, c’est fréquent », « tu as échoué et bien recommence »
- « aller oublie, ce n’est qu’un fœtus »
- « c’est un accident. Mais bon tu es en bonne santé »
- « tu as tellement travaillé que c’est normal »
Cette femme qui a fait une fausse couche n’est pas seulement un appareil reproducteur…sa psychologie est tout aussi importante à ne pas négliger.
Ne pas exclure votre partenaire de vie
Car lui aussi ressent un trauma en lien avec votre perte. Prenez des temps pour échanger sur vos émotions et vos douleurs. Souvent, vous allez trouver des points communs dans vos ressentis, ce qui produira un soutien, une compréhension mutuelle. Cela vous aidera aussi à mieux cerner vos ressentis qui peuvent aussi être différents en fonction de votre investissement psychique dans ce projet d’enfant. De plus, la femme et l’homme ont souvent une approche différente de la grossesse et du « devenir parents » psychiquement. Si vous en ressentez le besoin commun, vous pouvez consulter un thérapeute couple.
Continuez de nourrir votre désir de parentalité
En prenant votre temps et valorisant votre corps pour ce qu’il sera capable de faire quand vous vous sentirez prêt (physiquement et psychologiquement, il peut souvent y avoir un décalage entre les deux) à reprendre un nouveau projet enfant. Gardez-en tête que cet enfant perdu ne sera pas remplacé par un autre. Il gardera sa place symbolique dans votre cœur.
Vous pourrez aussi créer quelques rituels en lien avec cette grossesse pour vous aider à surmonter cette perte : à vous de trouver ce qui pourra provoquer de l’apaisement, du recueillement et une mémoire la plus positive possible comme allumer une bougie à telle date, encadrer une échographie, créer un poème ou une histoire/une prière…etc
Prenez du recul sur cette notion de parentalité maîtrisée
Oui, dans notre société actuelle et avec l’ensemble des avancées scientifiques, il existe de plus en plus de moyens, de techniques, d’accompagnements pour « tomber enceinte et suivre sa grossesse ». Néanmoins, ces aides diverses sont certes innovantes et aidantes, cependant, elles peuvent aussi faire illusion que l’on peut tout maîtriser dans l’approche de la procréation et de décider que « quand on veut on peut devenir parents ». Cette maîtrise absolue de la vie, la mort, la conception d’un enfant sont irréalisables malgré les avancées scientifiques mondiales.
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