Entre 70 et 80% des femmes enceintes connaissent les nausées et vomissements du début de grossesse. C’est inconfortable, c’est vrai. Ces symptômes sont considérés comme normaux et faisant figure de bons pronostics pour l’évolution de la vie, «les joies de l’aventure» ! Mais quand les nausées du premier trimestre tournent au cauchemar, comment faire ? Focus sur une maladie peu connue, l’hyperémèse gravidique.
Enfer. Détresse. Incompréhension. Isolement. Épuisement.
Ces cinq mots qualifient le vécu de l’épreuve la plus intense dans la vie d’une mère : porter la vie avec hyperémèse gravidique. Cette pathologie se déclenche dans les premières semaines et dure parfois jusqu’à l’accouchement. Les nausées ne s’éteignent jamais, 24h/24 de lutte. Les vomissements deviennent incontrôlables jour et nuit. Les odeurs -même sa propre odeur de shampoing habituel- peuvent devenir insupportables. Peu à peu la fatigue physique entraîne une perte d’autonomie immense. Se laver, se lever, aller aux toilettes sont un but à atteindre paraissant impossible. Le corps se déshydrate, s’affaiblit et devient l’unique enveloppe de la vie qui s’y développe. L’animation n’existe qu’à l’intérieur. Le cerveau s’embrouille. Toutes les pensées se focalisent sur la survie. Celle du futur bébé. Celle de la mère.
Pour 15% des femmes atteintes de l’HG, l’aventure se terminera en interruption volontaire de grossesse.
L’état de santé se dégrade
L’hyperémèse gravidique, un mal peu connu
« Être enceinte n’est pas une maladie » a-t-on l’habitude d’entendre. Et pourtant, lorsque l’on souffre d’hyperémèse gravidique, l’état de santé se dégrade rapidement : perte de poids importante, malaises à répétition, déshydratation nécessitant la mise sous perfusion. L’hypersalivation, les crampes d’estomac, les douleurs abdominales, les brûlures du système digestif, l’acidité de la bouche… ne sont que des dommages collatéraux.
C’est là qu’on imagine le corps médical prenant le relais, la famille soutenante, les médicaments qui soulagent et une prise en charge adéquate. Malheureusement, non ! La plupart des professionnels rencontrés durant ce parcours ne sont pas formés.es, pas informés.es. La plupart des membres de la famille ignorent totalement l’existence de cette pathologie. C’est bien là que le problème bascule en calvaire, quand les maux ne sont pas reconnus, quand la maladie est grandement minimisée.
Quand perd-on le statut d’humain ? (…) Comme laissées pour mortes, et cataloguées de mauviettes, de chochottes, de déchets, que sommes-nous devenues ? Que reste-t-il pour donner la vie ? À quel prix ? Les « vomisseuses » écoutent dans leur chambre d’hôpital les cris des bébés pour donner un sens à toute cette souffrance, quand bien même elles en viennent à détester porter la vie. Extrait d’un témoignage d’une maman parmi tant d’autres sur le groupe Facebook de l’association
Que dit la science sur l’hyperémèse gravidique ?
Très peu d’études, quelques thèses médicales
- La hausse de l’hormone hCG
- La carence en Vitamine B6
- La présence d’une composante génétique
Voilà les trois principales hypothèses qui semblent aujourd’hui faire l’objet de recherches auprès des docteurs. Étonnamment, cette maladie, pourtant répandue, a fait l’objet de très peu d’études.
Quelles solutions lorsque l’on souffre d’hyperémèse ?
Un traitement adapté et un réseau formé
En France, on parle de Donormyl, Primpéran, Zophren… des médicaments qui auraient chez certaines une amélioration générale, chez d’autres un allègement des symptômes. Ce sont des molécules données pour réduire les effets secondaires de la chimiothérapie qui aident aujourd’hui ces femmes à donner la vie. Le réseau de professionnels.les est encore réduit mais il a le mérite d’exister. Des médecins généralistes aux gynécologues, sage-femmes ou thérapeutes sensibilisés à ce sujet peuvent assister la future mère et sa famille durant ces longs mois.
L’hyperémèse gravidique est une maladie
Savoir pour mieux accompagner
Quand la maladie amoindrit, affaiblit, réduit à néant la moindre petite étincelle d’énergie, c’est très dur à vivre, surtout lorsqu’elle se présente pendant une aventure vendue comme la plus belle aventure du monde. Les composantes essentielles d’un mieux-être de la femme enceinte sont l’accompagnement et la considération.
Se sentir considérée par l’entourage et par le corps médical est primordial pour éviter un traumatisme et vivre une grossesse la plus sereine possible. C’est pourquoi il est important de connaitre l’existence de cette pathologie.
Où trouver l’accompagnement ?
L’association de lutte contre l’hyperémèse gravidique a pour but de soutenir activement les femmes victimes, de les accompagner au quotidien, de les aider à communiquer, à chercher des praticiens, afin d’obtenir la meilleure prise en charge possible.
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