Si allaiter un bébé nécessite beaucoup de préparation en amont, il faudra également un temps d’adaptation pour trouver la bonne position et mettre en place un allaitement serein. Ici, Laura @lestriplesdubonheur nous livre son témoignage d’allaitement avec ses triplés. Car « outre la difficulté d’allaiter trois bébés, se présentait la difficulté liée à la prématurité ». Hello Tribu lui laisse la parole, en lien avec l’article Allaiter un bébé prématuré, on vous dit tout !
L’allaitement, une évidence depuis toujours pour Laura
Avant même d’être enceinte, je savais que je voulais allaiter. Mais quand j’ai su que j’attendais des triplés, beaucoup de doutes et de questionnements sont apparus. Allais-je réussir à mettre en place un allaitement pour trois bébés ? Comment m’y prendre, je n’ai que deux seins ?! Combien de temps vais-je pouvoir le faire ? Et avec quelle fatigue ? Outre la difficulté d’allaiter trois bébés, se présentait la difficulté liée à la prématurité. En effet, une grossesse triple n’est pas menée au terme des 40 semaines pour des raisons de sécurité liées aux bébés et à la maman. Comment allaiter des bébés potentiellement minuscules et branchés à des machines ?
Des doutes sur l’allaitement et peu de réponses encourageantes…
Quand j’ai commencé à parler de mon souhait d’allaiter les triplés, beaucoup de réponses ont été peu encourageantes ! Mais s’il y a bien un conseil que je voudrais donner aux futures mamans allaitantes, c’est de ne pas se laisser décourager, et surtout, de faire les choses pour vous, pas pour les autres. C’est vrai qu’allaiter trois bébés est un vrai challenge, encore plus prématurés, mais j’avais envie de donner le meilleur à mes bébés, alors je l’ai fait ! Comme je me disais que cette grossesse serait sûrement la seule que je vivrais, je voulais connaître le bonheur d’allaiter : « J’essaye, sans pression. Si j’y arrive c’est génial, sinon pas de regret, j’aurais essayé ».
L’importance de se renseigner sur l’allaitement
Dans cette optique, j’ai décidé de chercher les réponses moi-même dans des livres, sur internet et auprès d’autres mamans. J’ai trouvé de nombreuses réponses notamment dans « Le guide d’allaitement du prématuré » de Caroline Guillot, un ouvrage illustré et qui permet de comprendre et de dédramatiser. Avec toutes mes recherches, je me sentais mieux, plus sereine, même si cela restait encore très abstrait. Puis tout s’est accéléré après l’accouchement.
Vivre un accouchement par césarienne et la 1ère tétée…
J’ai accouché à 35+5sa (presque 8 mois de grossesse) par césarienne, deux jours avant la date prévue. En cause, un début de pré-éclampsie, et un arrêt de croissance pour ma toute petite. Mes filles sont nées à 1,9 et 1,7kg. Elles ont été rapidement prises en charge et emmenées au service de néonatologie. J’ai juste eu le temps de les voir et de les embrasser. Notre petit garçon, plus costaud (2,4kg), a eu le droit au peau à peau avec son papa et à la première tétée avec moi, avant finalement de rejoindre ses sœurs pour difficultés respiratoires. Dès le lendemain, après avoir demandé un tire-lait électrique double pompage, j’ai commencé à exprimer le lait. Au fil des jours, j’ai récupéré quelques gouttes de colostrum, puis 10, 20, 30 millilitres et jusqu’à 150 millilitres de lait ! Je n’en revenais pas. C’était magique. Et plus j’avais les bébés dans les bras, plus le lait était disponible ! Il faut savoir qu’à l’hôpital où j’ai accouché, le service néonatalogie se trouve dans un autre bâtiment que celui de la maternité. Ma cicatrice de césarienne m’handicapait beaucoup les premiers jours. L’équipe médicale m’avait mis à disposition un fauteuil pour aller voir les triplés quand je voulais. Cette distance n’a pas été facile à vivre car je me sentais loin de mes bébés, ce qui n’a pas aidé la mise en place de l’allaitement.
Un allaitement à deux vitesses
Concrètement, j’ai vécu un allaitement à deux vitesses. Quand j’étais avec les bébés, je les mettais au sein et je pouvais également tirer mon lait, lequel était stocké directement pour le prochain repas. Quand je n’étais pas avec eux, je tirais dans ma chambre toutes les 3 heures environ et je le confiais à une personne de l’équipe qui le stockait au lactarium. Ce que je regrette, ce que le colostrum, si précieux, n’a pas été donné tout de suite mais récupéré que 2 semaines après la naissance. La faute à la méconnaissance du système de stockage de l’hôpital où je pensais que tout était mis dans le même lieu. Mais ils l’ont eu quand même !
Le choix d’un allaitement mixte pour la prise de poids des bébés
Autre difficulté, la pesée. En effet, pour savoir quelle quantité prenaient les bébés au sein, ils étaient pesés avant et après. Une étape d’autant plus importante pour les triplés qu’en étant prématurés, la tétée demandait trop d’énergie pour prendre la quantité nécessaire à une bonne prise de poids. Ils étaient donc complétés par sonde gastrique avec un lait artificiel. Tout le temps de l’allaitement, nous sommes donc restés sur un allaitement mixte.
Retour à la maison, comment gérer ?
Une fois rentrée à la maison, 1 mois après la naissance, j’ai tenté de poursuivre la mise au sein. Mais comme la tétée les fatiguait encore trop, les quantités restaient insuffisantes et appelaient à des prises beaucoup plus fréquentes. Avec un seul, cela aurait été gérable… mais pas avec des triplés. Alors j’ai décidé majoritairement de tirer mon lait. Cela nous a permis d’avoir un rythme plus cadré puisque nous pouvions nourrir les 3, tout en donnant les bonnes quantités. Malgré tout, c’était extrêmement énergivore et heureusement que j’étais accompagnée par le papa qui me soutenait dans ce choix.
Le clap de fin de cette aventure d’allaitement
Après cinq semaines d’allaitement mixte, la fatigue était devenue trop présente et je n’arrivais plus à tirer autant de lait qu’avant. Cela a eu pour conséquence de provoquer plusieurs engorgements douloureux. Malgré l’aide d’une experte en lactation, je n’ai pas vraiment réussi à en sortir, et la fatigue supplémentaire m’a provoqué une mastite pour les deux seins. Une expérience horrible, avec de la fièvre allant jusqu’à 41°C ! Ça a été le déclic. Je me suis dit que mon corps n’en pouvait plus, que même si je voulais vraiment allaiter le plus possible, il valait mieux que les bébés m’aient moi en bonne santé. Et, une fois le deuil de l’allaitement fait (ce qui n’a pas été facile !), j’ai retrouvé de forts moments de complicités avec les bébés, même au biberon.
Une fierté immense et une expérience incroyable
Ce qu’il reste de cette expérience de six semaines d’allaitement avec des triplés, c’est avant tout la fierté d’avoir pu leur offrir mon lait. C’est aussi la joie d’avoir pu le vivre et de ne pas être passée à côté de cette aventure, même avec la fatigue et les douleurs. J’ai adoré le faire, c’est un sentiment particulier de ressentir son corps qui produit la nourriture de son enfant, vivre ce contact unique avec son bébé. C’est magique.
Merci à Laura @lestriplesdubonheur pour son témoignage et félicitations à elle pour ces belles semaines d’allaitement et cette volonté.