Nous avons déjà tous entendu parler des « perturbateurs endocriniens ». Nous savons qu’ils sont présents dans notre quotidien, qu’ils interagissent de façon négative sur notre organisme mais nous ne savons pas toujours comment les éviter. Le Dr Nicolas Evrard nous éclaire sur leur impact, notamment lors de la grossesse, et sur les bons gestes à adopter pour s’en protéger.
Les perturbateurs endocriniens : qu’est-ce que c’est ?
Comme leur nom l’indique, les perturbateurs endocriniens sont des substances qui interagissent sur le système hormonal de l’organisme. Les hormones en question sont la thyroxine, le cortisol, l’insuline, l’aldostérone… et notamment chez les femmes les œstrogènes et la progestérone. Les hormones sont indispensables à notre métabolisme. Elles ont un rôle essentiel dans la croissance ou les fonctions sexuelles.
Le danger des perturbateurs endocriniens est pris en compte au plus haut niveau de l’État, puisque deux stratégies nationales sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) ont été mises en place : la première en 2014 et la seconde en 2019. Ces SNPE ont pour objectif de former, informer, protéger l’environnement et la population des perturbateurs endocriniens.
La vulnérabilité fœto-embryonnaire face aux perturbateurs endocriniens
Les perturbateurs endocriniens sont très nombreux dans notre environnement, et sont pour la plupart des substances artificielles (pesticides, plastiques, détergents, médicaments…). Vous les retrouvez dans les aliments que vous mangez, les produits ménagers ou bien les cosmétiques.

La sensibilité aux perturbateurs endocriniens est plus importante à certaines périodes de la vie, notamment durant la grossesse.
« C’est notamment le cas de la période du développement fœto-embryonnaire et de la petite enfance, qui présentent une sensibilité accrue à ces substances », soulignait en 2019, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
Prenons l’exemple du bisphénol A (BPA), qui est l’un des perturbateurs endocriniens aujourd’hui le mieux identifié. Il « mime » l’action des œstrogènes dans l’organisme et va ainsi déréguler le système hormonal. En 2010, la France a interdit les biberons en plastique contenant du bisphénol A, l’Union Européenne a adopté cette même disposition un an plus tard.
Les perturbateurs endocriniens ne sont pas encore tous identifiés, et la conséquence de ces derniers n’est pas clairement mise en lumière, mais nous savons qu’ils sont impliqués dans certaines pathologies.
Aujourd’hui les substances chimiques suspectées de perturber le système endocrinien sont très nombreuses : parabènes, phtalates, silicones… se retrouvant dans de très nombreux produits.
Savoir se protéger
Reprenons l’exemple du bisphénol A ; il est considéré à risque pour la reproduction, provoquant une baisse sur la fertilité, une insuffisance ovarienne précoce, il pourrait aussi affecter le système immunitaire.
Les perturbateurs endocriniens pourraient également avoir des conséquences sur le développement neurologique. Ils sont aussi suspectés de favoriser certains cancers hormonaux dépendants.
De nombreux travaux sont actuellement conduits à travers le monde pour en savoir plus sur l’impact de l’environnement sur la grossesse et le fœtus, et en particulier celui des perturbateurs endocriniens.
Toutes ces données confortent l’importance d’une protection chez la femme enceinte, lors du développement du futur bébé. D’ailleurs aujourd’hui, différentes agences nationales sanitaires, les professionnels de santé et en particulier les gynécologues obstétriciens recommandent aux femmes enceintes et allaitantes de prendre des précautions vis-à-vis de ces substances.

Aussi, il est conseillé de privilégier une alimentation saine en évitant les plats industriels préparés, et d’éviter l’usage de produits cosmétiques risquant de contenir des perturbateurs endocriniens.
En clair, de s’intéresser un peu à ce que l’on mange, à ce que l’on respire ou à ce que l’on applique sur la peau.
Découvrez comment bien choisir vos cosmétiques durant la grossesse
Dr Nicolas Evrard, collaborateur chez WoMum
Sources :
- Les perturbateurs endocriniens, Anses, Travaux et implications de l’Agence sur les perturbateurs endocriniens, 08/07/2019
- Bisphénol A, effets sur la reproduction, rapport préliminaire. INSERM 2010.
- Bisphénol A, ANSES, 10/04/2018.
- Perturbateurs endocriniens, INRS, Santé et sécurité au travail, mis à jour le 12/07/2018.