Savez-vous qu’un tiers des futurs parents qui attendent leur premier bébé ont vécu des abus et maltraitances durant leur enfance ? Quel impact entre traumatisme d’enfance et grossesse ?
Dès le début de la grossesse, ils passent par différentes émotions. Ils se remettent énormément en question et font des choix pas toujours compréhensibles par les autres ou par le corps médical. Alicia, jeune maman de 29 ans, abusée dans son enfance, revient avec nous sur le suivi de sa grossesse et son accouchement.
Les conséquences de la maltraitance durant la grossesse
La grossesse et la naissance d’un premier enfant sont des périodes d’adaptation parfois difficiles pour la plupart des adultes. Ils peuvent représenter un défi encore plus important lorsque le parent a été exposé à des événements de vie particulièrement difficiles pendant son enfance.
Selon une étude menée par l’Université du Québec, il semble que la grossesse pourrait réactiver les symptômes d’un traumatisme passé chez environ 20% des futures mamans. L’attente d’un premier enfant est également un moment propice à se rappeler ses expériences familiales et à s’interroger sur le type de parent que l’on souhaite devenir.
Si le parent a subi des violences sexuelles ou autres pendant son enfance, il est fort possible que ces questionnements soulèvent de la détresse et des émotions pénibles.
L’expérience d’Alicia : entre doutes et incompréhensions
Alicia, 29 ans, maman d’une petite Zoé de 6 mois, a vécu sa grossesse et l’accouchement comme un parcours du combattant.
Elle raconte :
Ma plus grande difficulté pendant la grossesse a été d’ordre psychologique. Cette dernière n’était pas prévue et il a d’abord fallu l’accepter. J’ai en effet appris que j’étais enceinte de 3 mois et demi. La grossesse s’est bien passée. Mais jusqu’à la fin, je n’arrivais pas à accepter le fait que j’allais accoucher. Je n’arrivais pas à intégrer l’accouchement”.
Heureusement, Alicia a été très bien suivie par sa sage-femme, qui l’a aidée à appréhender ce moment.
« J’ai eu des cours de préparation à la naissance. Ma sage-femme a été très à l’écoute, très nature dans son approche. Elle m’a aidée à faire un travail d’acceptation. »
Il faut dire qu’Alicia n’est pas une future maman comme les autres. Pendant son enfance, elle a subi des attouchements. Par conséquence, elle a beaucoup de mal à accepter tout ce qui entre ou sort de son corps.
« J’avais un projet de naissance particulier. Je ne voulais pas de contact ni de peau à peau avec le bébé tant qu’il n’avait pas été nettoyé. Je ne voulais voir aucun fluide. »
Si sa sage-femme a compris son choix en l’aidant à préparer son projet de naissance, cela a été plus compliqué avec les équipes hospitalières.
À l’hôpital, cela n’a pas été simple. Il y avait très souvent des changements de personnel. Je pense que je n’ai jamais vu deux fois la même personne. Je devais donc réexpliquer et justifier mes choix tout le temps.”.
Comme beaucoup de mamans, elle a eu l’impression “d’avoir été jugée en salle de naissance”.
L’importance du suivi
Alicia a été très bien suivie après son accouchement :
« Après la naissance, l’hôpital a voulu que je sois suivie par un psychologue. Et la PMI vient aux nouvelles toutes les semaines. »
Le psychologue et professeur au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec, Nicolas Berthelot, explique :
Il n’existe actuellement aucun programme d’aide qui accompagne ces parents dès la grossesse. Nous travaillons sur une approche d’accompagnement de groupe unique au monde pour soutenir les femmes et les hommes lors de cette période d’adaptation et les préparer aux défis particuliers qu’ils risquent de rencontrer dans leur nouveau rôle de parents”.
Aujourd’hui, Alicia est épanouie dans son rôle de maman. Elle raconte :
Cela se passe très bien avec mon bébé. Elle veut toujours être dans mes bras, être portée très souvent. L’accouchement me semble très loin. Je n’y pense plus vraiment.
Vous avez subi un traumatisme dans votre passé : comment l’avez-vous géré durant votre grossesse ?
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